Partie 1
Toujours sur la route en direction du Caire depuis notre départ de Louxor à 20h. L'arrivée est prévue à 6h du matin.
Je peine à faire la seule chose qui puisse me distraire, écrire mon journal. Pas facile dans un bus non éclairé et avec les secousses de la route.
Deux petites télés sont suspendues dans l’auto-car. Une loin devant, proche du conducteur, et une autre dans mon champ de vision. Mais cette dernière est endommagée et seule une moitié de l’écran fonctionne. L’autre moitié ayant des pixels morts, laisse apparaître des images vertes et des décors semblant venir de l’au-delà. Il est donc impossible de suivre quoi que ce soit sur cet écran. De toute façon, le film passé a l’air inintéressant. Le problème est que le son a été mis au maximum pour que tout le monde entende et il est impossible à régler. Résultat ça devient très vite insupportable, surtout quand la langue criée vous est étrangère. Le pire c’est qu’ils n’y a même pas de sous-titre.
Une opération pour nous aider à comprendre : Film pourri + Image déformée par les pixels morts + Ecran minuscule + Voix en arabe non sous-titrée + Son à fond de puissance + Fatigue = PETAGE DE PLOMB
Je ne vous cache pas que le voyage fût très difficile.
Il est 1h du matin. Nous sommes à mi-chemin et faisons une halte en plein milieu du désert, à 10 minutes d’Asyut Korymalt.
Sur google map, on peut voir que ça se situe vraiment à moitié de notre parcours, entre Louxor et Le Caire. Mais dans les recherches classiques, je ne trouve aucun résultat, aucune photo, tel un bled fantôme...
Il fait nuit. Autour de moi il semble n’y avoir...RIEN
Cette petite « aire de repos » semble isolée loin du monde et perdue. Il y a des tables, des chaises, et un endroit aménagé en boutique pour commander chichas et boissons fraiches. Quelques minibus ont aussi fait la halte ici. Dehors, une trentaine d’hommes sont assis et fument leur chicha, tandis que je fais les 100 pas et scrute l’obscurité du désert. Je me sens loin de tout.
[…]
Puis, nous reprenons la route. N’arrivant pas à m’endormir, je m’empare de ma bible très précieuse (=Guide du routard), afin d’y chercher un hôtel à notre convenance pour ces 4 jours à venir. Il est temps de se préparer au Caire.
[…]
Quelques centaines de kilomètres passés, je sors brusquement de mon sommeil. Affolé comme perdu au milieu de nulle part, je vois les gens s’agiter et se dépêcher vers la sortie du car. Nous sommes arrivés au Caire. Je suis abasourdi et marche au radar, accompagné d'Aurélie. Nous avons eu à peine le temps de vérifier si nous n’avions rien oublié à nos places.
Dehors, drôle de sensation, il fait terriblement chaud et humide. C'est très bizarre et différent de Louxor : La ville est bruyante et très polluée. J’ai vraiment l’impression de suffoquer.
Je suis déboussolé. Il est difficile de retranscrire nos impressions à ce moment là. C’est comme si quelqu’un vous sortait de votre sommeil et que vous vous retrouviez en plein milieu du Bronx, un endroit que vous ne connaissez pas ou qui semble loin de tout ce que vous avez pu connaitre.
Déboussolé aussi car il est 3h30 du matin et que nous devions arriver à 6h. Nous n'étions pas préparé à arriver aussi brusquement, en plein sommeil. Je n’y comprends rien mais en tout cas, ça change tous nos plans ! Comment allons-nous trouver un hôtel à cette heure si tardive ?
Aussitôt nos sacs récupérés, le bus s’en va et nous voilà livrer à nous même.
Nous sommes seuls, au milieu d’une place que nous ne connaissons pas, au cœur d’un désordre le plus total, au milieu d’un chaos jamais vu. Premier contact déroutant.
Des chauffeurs nous interpellent mais nous les rejettons ne sachant pas quoi faire ni où aller pour le moment.
A une centaine de mètres, un hôtel immense fait face à la place principale. On dirait un hôtel fantôme sans lumiere. Il parait si sombre, si moche et si imposant, à moitié en ruine et pourtant bien ouvert. Nous faisons nos premiers pas et traversons la grande avenue. Le trottoir est bondé de monde, surtout de petits vendeurs en tout genre.
Grouillant, pollué, sale, bruyant, cet endroit déborde d’intensité et d’énergie alors qu’il n'est que 3h30. Nous nous demandons comment tout cela fonctionne et nous sentons perdus.
La galère va être de trouver un hôtel à cette heure là.
L’aventure commence... (c’est presque Pékin Express lol)
[…]
Il est 4h45
Je vous écris en « direct live » de l’accueil d’un hôtel. Malheureusement, il est complet pour cette nuit, comme l'autre que nous avons visité juste avant.
Le réceptionniste a été sympa et nous a proposé ses fauteuils pour patienter jusqu’au petit matin. Nous sommes donc assis sur les banquettes du hall d’entrée.
Il m'apprend que nous sommes dans le quartier qui porte le nom du Square Ramses
Aurélie dort… J’ai promis de veiller sur elle et de surveiller nos bagages.
Il m’est très difficile de garder les yeux ouverts, mais écrire ce journal m’aide un peu plus à combattre cette nuit qui semble interminable. Zzz...zzzz.....ZZZzzz.. ........zz...
Dehors, tout a la couleur de la poussière. On est frappé par les immeubles moribonds, par le nombre important de gens qui dorment à même le sol, par cette cohue de voitures et de camions crachant leur fumée noire. C’est Paris puissance 10.
Il fait nuit et pourtant toute la population semble active. Ce n’est ni chaleureux ni accueillant.
Ici, les gens sont habillés différement de notre Louxor. C’est beaucoup plus « occidental » genre : jean-teeshirt-basket. Alors qu’à Louxor c’était sandal/tong et Djelaba.
Je crois qu’il ne faut pas chercher à comprendre. Nous avons arpenté les rues à la recherche d’un endroit où dormir, longés des parkings de taxis et de minibus où les chauffeurs dorment parfois à l’intérieur de leur véhicule.
J’insiste sur le faite que les rues sont très très très sales, des chats et des chiens en piteux états vivent parmis les ordures.
Des gens nous abordent mais nous ne comprenons pas. On dirait qu’ils ne parlent pas anglais ici…
[...]
Nous sommes restés environ jusqu’à 6 h du matin à la réception de l’hôtel, le temps que le soleil se lève. Je pense qu’il est maintenant temps de changer de quartier et d’aller jusqu’à l’hôtel repéré.
Partie 2
Nous prenons un taxi qui nous coûtera 20 LE (2,50 euros) pour descendre dans le quartier de DOWNTOWN à la place "Midan Talaat Harb", qui sera notre point de repère pour les 4 jours qui suivent.
Nous cherchons le King's Palace Hotel que le chauffeur a du mal à trouver. En effet il y a très peu de panneaux pour indiquer les rues. C'est une particularité du Caire, ou de ce quartier...
Après avoir pas mal tournés en rond, je lui propose de nous stoper sur cette place afin que nous cherchions par nous même, en demandant éventuellement aux gens.
En marchant, nous passons devant le Dahab Hotel où nous sommes vites ressortis car un mec à l'entrée (bourré?) nous gueule dessus d'un air assez méchant. En tout cas, ça n'avait pas l'air sympa et je l'aurai certainement embrouillé si c'était arrivé en France. J'ai tout de suite senti que nous n'étions pas la bienvenue ici et nous sommes donc partis sans chercher à comprendre.
Finalement et heureusement, nous avons fini par trouver l'hôtel King's Palace, situé au 5ème étage sans ascenseur d'un grand immeuble. Au premier abord, comme l'expliquait le "Guide du routard", l'entrée n'est pas terrible et l'escalier est un peu sale.
Arrivés en haut, nous trouvons l'accueil fermé, sûrement parce qu'il est très tôt (7h du mate) alors nous avons continué à monter l'escalier pour aller sur la grande terrasse dominant les toits cairotes et la mosquée voisine.
Vous allez voir, c'est très délabré :
Vues de la terrasse du King's Palace Hotel - Le Caire
Sur cette terrasse, nous faisons la connaissance d'un petit être aux allures de Gremlin's. Il ne donne pas trop envie à ce qu'on le caline. Et de toute façon bien trop peureux et sauvage pour qu'on l'approche. Je vous présente "Le petit chaton mégrichon" :
Quelques minutes après, un jeune garçon sort d'un cabanon qui doit lui servir d'habitation. Un peu surpris de le voir apparaitre ici, au milieu de rien, je lui demande si l'hotel en dessous est ouvert. Nous descendons d'un étage et il n'hésite pas à frapper avec force afin que le gérant vienne nous ouvrir.
Apparement ce gérant dormait. Nous sommes un peu mal à l'aise de le réveiller aussi tôt mais il nous accueille sans problème et avec le sourire et nous découvrons notre chambre. Parquet au sol, deux grands lits (KingSize) en cuivre, une clim, et un balcon.
Voici les photos :
Notre chambre au King's Palace Hotel - Le Caire
Du balcon nous pouvons voir respectivement sur la gauche et sur la droite les vues ci-dessous :
Par contre, le parquet il est craignoss.... Voilà ce que ça donne quand vous marchez pied nu dans cette chambre. Malgré des lits confortables, une table et une salle de bain très propres, il est certain que le ménage n'a jamais été fait au sol...
Longue sièste avant d'attaquer notre planning de la journée : la visite du Musée Egyptien.
[...]
Le Musée Egyptien
Entrée : 60 LE (7,50 euros)
C'est un musée complet et magnifique où vous pouvez y rester de nombreuses heures, il y a tellement de choses à voir.
Là encore les photos sont interdites, et vous devez laisser votre appareil photo à l'entrée dans un casier fermé. J'ai eu peur de le laisser mais je n'ai pas eu de problème à le récupérer.
Nous avons pris quasiement toute l'après-midi pour le visiter.
Ce musée est une ruche de trésors découverts à travers le pays. Environ 120 000 pièces dont 3850 retrouvées dans la seule tombe de Toutankhamon.
Voici quelques photos avec le Musée Egyptien où l'on aperçoit derrière un immeuble incendié, vestige de la dernière révolution. C'est le siège du Parti au pouvoir. Lorsqu'il a brûlé, il y a eu de grandes craintes pour le musée.
Saisissant non ? :)
Le Musée Egyptien _ Caire
[...]
Le soir, je sors seul pour aller chercher à manger, Aurélie étant fatiguée préfère rester à l'hôtel.
Dans la rue, je fais la rencontre d'un jeune Egyptien de 34 ans, que j'appelerai "Samir".
Il est accompagné d'un ami originaire de Londres qui a 36 ans. Ce dernier est occupé à acheter des tas de souvenirs pour ses enfants.
Ils sont super sympa, nous discutons et nous nous baladons ensemble. Nous rigolons, parlons de nos vies respectives. Mais je reste tout de même méfiant, dès fois qu'ils me proposeraient d'entrer dans un magasin pour acheter quelque chose.
Son ami ne tardera pas à nous laisser pour ses occupations.
Le courant passe très bien avec Samir, si bien que nous restons un bon moment ensemble, et que j'en oublie d'acheter à manger et de rejoindre Aurélie.
Il est de bons conseils et me donne ses avis sur les sites à visiter, les endroits insolites qu'il ne faut pas louper, et les divers restaurants intéressants. C'est là qu'il me conseille un super restaurant où l'on peut dîner pour 100 LE et que la bouffe est la meilleure du coin.
Je lui explique que je compte juste acheter un truc rapide pour ce soir et que mon amie m'attend à l'hôtel.
Ca tombe bien, il connait un super endroit où je trouverai un Kébab de qualité pour un petit prix.
Je suis intéressé et lui demande de m'y emmener. Le prix du sandwich est de 45 LE (5,60 euros).
C'est là que ça devient marrant. Nous nous retrouvons au "Kazaz", l'endroit où j'ai mangé avec Aurélie ce midi, conseillé par le gérant de notre hôtel (les prix sont affichés en anglais). Ce sont les mêmes prix pour les touristes et les résidents.
Samir me dit d'attendre, que je lui fasse confiance et qu'il va choisir le meilleur sandwich au poulet pour moi, et que je ne serai pas déçu. Là je commence à me méfier. Le remerciant de son aide, je lui explique que je préfère décider par moi même, voulant choisir et manger pour moins cher que 45 LE.
Samir fait mine de ne pas comprendre ce que je lui dis, et le voilà déjà parti en direction du cuisto.
Je regarde la grande pancarte composée des prix en euros, et aperçois le sandwich au poulet que je compte justement prendre. Sauf que.... Il est affiché à 7 LE ( 0,88 euros).
Et voilà Samir qui revient avec 2 Kébabs et me demande 45 LE. En gros il me force un peu avec ces sandwichs qu'il vient d'acheter...
Ca fait chier mais je n'en démords pas. Je ne suis pas un "pigeon" et je n'aime pas qu'on me la fasse à l'envers. Je lui explique que je veux pas de ses sandwichs, que je l'ai pourtant prévenu avoir vu moins cher sur la carte, et que c'est lui qui est parti sans m'écouter. Je préfère prendre un sandwich à seulement 7 LE même s'il est différent du sien. Il ne sera peut-être pas aussi consistant que le sien mais je m'en fiche...
Je le vois dans l'embarras.
Il me dit d'attendre , il va voir s'il peut se faire rembourser. Peu importe qu'il puisse ou pas, je lui ai rien demander. Ca commence à sentir l'arnaque.
En attendant je décide de passer commande. Je vais à l'intérieur chercher MON sandwich, et le restaurateur me dit que je me suis trompé. Il faut s'adresser à l'extérieur pour les Kébabs, là même où Samir a commandé les siens. Le cuisto me prépare ma commande et je m'aperçois que c'est exactement le même sandwich que celui que Samir voulait me vendre plus cher. Je commence à comprendre la supercherie de...
El Kazaz au Caire, le repère pour manger bon et pas cher !
Je confirme, on me sert exactement le même sandwich. Je m'apprete à partir. C'est étrange Samir n'est plus là... Il a disparu, sans dire au revoir. J'ai bien fais de me méfier de lui.
Au final, tous les egyptiens veulent vous la mettre à l'envers. Dommage qu'il en soit ainsi...
Retour à 21 heures dans l'hôtel, fier de moi, fier d'avoir été sur mes gardes et tenace auprès de Samir.
Fin de cette première journée au Caire.
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